Étude clinique BRAIN-AF
Traiter le cœur et aider le cerveau
Des chercheurs de l’Institut de Cardiologie de Montréal (ICM) mènent actuellement la première étude au monde visant à démontrer qu’un traitement anticoagulant pourrait prévenir le déclin des fonctions du cerveau chez les jeunes patients atteints de fibrillation auriculaire, un trouble fréquent du rythme cardiaque.
Si vous, ou l’un de vos proches, êtes atteint de fibrillation auriculaire et que vous avez entre 30 et 62 ans, l’étude BRAIN-AF est peut-être pour vous. Renseignez-vous!
Mieux comprendre le lien entre le cœur et le cerveau
L’étude clinique BRAIN-AF
La fibrillation auriculaire est un trouble du rythme cardiaque qui touche environ 700000 personnes au Canada dont 25% ont moins de 65 ans (environ 175000 personnes). Chez les patients atteints de fibrillation auriculaire, les risques d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) sont de 0,7 % chez les patients à faible risque et atteignent 18 % chez les patients à risque élevé, et ce, annuellement, qu’on soit en présence ou non d’autres facteurs comme le diabète, l’hypertension artérielle et les antécédents médicaux. De plus, plusieurs études scientifiques confirment l’existence d’un lien entre la fibrillation auriculaire et le déclin des fonctions du cerveau telles que la mémoire, la compréhension, le raisonnement et l’attention.
Afin de réduire ces risques, les lignes directrices canadiennes recommandent un traitement anticoagulant (médicament qui éclaircit le sang) pour les personnes atteintes de fibrillation auriculaire de plus de 65 ans ou avec un risque modéré à élevé d’AVC. Toutefois, toujours selon les lignes directrices canadiennes, aucun traitement n’est recommandé pour les patients atteints de fibrillation auriculaire qui présentent un risque faible d’accident vasculaire cérébral. L’étude vise donc à voir comment traiter le cœur et aider en même temps le cerveau chez les patients plus jeunes.
Description de l’étude clinique
BRAIN-AF est une étude clinique initiée par l’Institut de Cardiologie de Montréal et subventionnée, entre autres, par les Instituts de Recherche en Santé du Canada, qui se déroule dans une quarantaine de centres canadiens. Prendront part à cette étude 2180 personnes, répondant aux critères d’admissibilité, et à ce jour, plus de 900 participants sont déjà inclus dans l’étude. Les participants seront répartis, au hasard, soit dans le groupe recevant un anticoagulant (rivaroxaban) soit dans celui recevant un produit identique en apparence, mais ne contenant aucun médicament actif (placebo). Ceci permettra d’évaluer s’il est préférable pour les patients de prendre un anticoagulant plutôt que de ne rien prendre du tout. De plus, ni l’équipe de recherche ni le participant ne sauront à quel traitement ce dernier a été attitré.
Objectif de l’étude
L’objectif principal de l’étude est de comparer l’efficacité et la sécurité d’un anticoagulant (rivaroxaban) au traitement standard dans la réduction des AVC et les déficits cognitifs chez les sujets atteints de fibrillation auriculaire ayant un risque faible d’AVC.
Une dose réduite de rivaroxaban (15 mg par jour) par rapport à celle administrée chez les patients ayant un risque plus élevé d’accident vasculaire cérébral (20 mg par jour) sera utilisée dans le cadre de cette étude.
En traitant la fibrillation auriculaire avec ce médicament, les chercheurs souhaitent valider si ce traitement peut avoir un effet préventif sur les troubles cognitifs et la démence chez les jeunes patients atteints de la maladie.
Principaux critères d’admissibilité à l’étude
› Avoir un diagnostic de fibrillation auriculaire;
› Avoir entre 30 et 62 ans;
› Absence d’hypertension artérielle, de diabète, d’AVC ou d’insuffisance cardiaque.
Quelle implication est demandée au participant?
› Visite de départ dans un centre affilié à l’étude pour déterminer l’admissibilité à l’étude et établir les données de base (2 heures);
› Prise quotidienne du médicament à l’étude ou du placebo;
› Suivi dans un centre affilié ou par visioconférence (ou par téléphone) tous les six mois (15-45 minutes);
› Visite de fin de participation dans un centre affilié à l’étude (45 minutes);
› Accès continu à une équipe médicale pour répondre à vos questions.
› Les visites de l’étude peuvent être effectuées à distance, par visioconférence ou par téléphone. Si c’est le cas, la médication de l’étude vous sera envoyée par courrier.
Sous-étude de pharmacogénomique et biomarqueurs
Une sous-étude ayant pour objectif d’effectuer des analyses pharmacogénomiques (ADN) et de biomarqueurs (marqueurs biologiques sanguins) dont certains sont considérés comme des facteurs de risque d’accident vasculaire cérébral ou de démence est également en cours pour les participants de l’étude principale BRAIN-AF. La participation à cette sous-étude est optionnelle. Il est possible de ne pas y prendre part et de participer quand même à l’étude principale.
Les analyses pharmacogénomiques et de biomarqueurs constituent de la recherche en médecine de précision; elles visent à permettre la prescription ou le développement des traitements et une prévention plus ciblée des maladies selon le profil génétique et biologique de certaines personnes.
Le Dr Jean-Claude Tardif, directeur du Centre de recherche de l’ICM, et l’ICM ont reçu du financement du Fonds d’accélération des collaborations en santé (FACS) du gouvernement du Québec pour mener à bien cette sous-étude.
Les analyses seront effectuées par le Centre de pharmacogénomique de l’ICM.